Au Maroc, l’habit traditionnel est bien plus qu’un simple choix vestimentaire : il incarne une richesse culturelle transmise de génération en génération. Si les tenues occidentales dominent aujourd’hui le quotidien, notamment chez les jeunes, les vêtements marocains reprennent naturellement leur place lors des événements familiaux ou des fêtes religieuses.
Ce style vestimentaire ancestral se distingue par des coupes amples, souvent longues et légères, qui s’adaptent parfaitement au climat chaud du pays tout en respectant les valeurs spirituelles de la société. Ces habits permettent de conjuguer élégance, décence et fonctionnalité, tout en conservant un lien fort avec les racines du pays.
Découvrir les costumes traditionnels marocains, c’est plonger dans un univers où chaque détail – du tissu aux broderies – raconte une histoire. Et pourquoi ne pas en profiter pour ramener une pièce artisanale de votre séjour ? Ces tenues font de magnifiques souvenirs authentiques, porteurs de savoir-faire local et de patrimoine vivant.
La djellaba : un incontournable de la garde-robe marocaine
Parmi les vêtements traditionnels marocains, la djellaba occupe une place centrale. Portée aussi bien au Maroc que dans d’autres régions du Maghreb, cette tenue longue et fluide est adoptée par les hommes comme les femmes, tant pour le quotidien que pour les occasions spéciales.
Il s’agit d’un habit ample, souvent porté par-dessus d’autres vêtements, caractérisé par de longues manches et une capuche pointue. Cette dernière n’est pas seulement esthétique : elle joue un rôle pratique, offrant une protection contre le soleil écrasant en été et contre le froid hivernal. Historiquement, elle servait aussi de bouclier contre le sable pour les nomades du désert.
Les djellabas en laine sont les plus fidèles aux traditions et idéales pour les saisons froides, tandis que les versions en coton, plus légères, sont privilégiées pendant les journées chaudes. La variété de couleurs et de motifs permet de porter la djellaba aussi bien pour faire ses courses que pour assister à une cérémonie.
Un autre vêtement similaire est la gandoura. Souvent comparée à la djellaba, elle s’en distingue par l’absence de capuche et ses manches plus courtes, ce qui la rend plus adaptée à la saison estivale. Toutefois, en extérieur, elle offre moins de protection contre les rayons du soleil, ce qui limite son usage prolongé en plein air.
Le caftan marocain : raffinement et héritage au féminin
Symbole d’élégance traditionnelle, le caftan marocain est une robe longue et fluide, exclusivement portée par les femmes. À la différence de la djellaba, le caftan ne se porte pas au quotidien, mais brille lors des grandes cérémonies et événements festifs. Son allure majestueuse reflète un passé prestigieux : autrefois, il était la tenue officielle des juges et un marqueur de noblesse sous l’ère des dynasties royales comme les Saadiens.
Aujourd’hui démocratisé, le caftan reste associé à des occasions spéciales telles que les mariages ou les grandes fêtes religieuses. Confectionné dans des matières nobles comme la soie, le velours ou parfois la laine, il est souvent orné de broderies fines, de perles, ou encore de paillettes cousues à la main, faisant de chaque pièce une véritable œuvre d’art.
Le caftan marocain peut adopter différents styles : manches longues ou courtes, coupe droite ou évasée. Bien qu’il soit naturellement ample, de nombreuses femmes choisissent d’y ajouter une large ceinture pour souligner la taille et structurer la silhouette. Certains modèles plus simples, réalisés dans des tissus légers, peuvent faire partie d’une tenue décontractée à la maison, mais ils ne sont en général pas portés pour les activités extérieures ordinaires.
Contrairement à d’autres pays où le caftan est porté comme un manteau, au Maroc, il est considéré comme une robe élégante, témoin d’un savoir-faire artisanal profondément enraciné dans l’identité culturelle du pays.
La takchita : l’expression ultime de la grâce marocaine
Parmi les tenues traditionnelles marocaines destinées aux femmes, la takchita se distingue par son raffinement exceptionnel. Réservée aux grands événements comme les mariages, elle incarne la quintessence du luxe vestimentaire marocain. Contrairement aux habits du quotidien, cette robe somptueuse est portée uniquement lors de célébrations prestigieuses.
Composée de deux pièces distinctes, la takchita associe un vêtement intérieur fluide à une robe extérieure richement décorée. Le tout est sublimé par une large ceinture, souvent brodée ou ornée, qui structure la silhouette et marque la taille de manière élégante.
La partie supérieure, plus travaillée, attire immédiatement l’attention grâce à ses motifs complexes, ses finitions délicates et parfois ses pierres décoratives ou broderies brillantes. Le corsage est généralement cintré, créant une allure majestueuse lorsque la robe descend jusqu’au sol. Selon le style, la partie supérieure peut être entièrement boutonnée ou simplement fermée jusqu’à la taille, laissant entrevoir le tissu fin de la couche inférieure.
La takchita marocaine séduit non seulement par son esthétique, mais aussi par son héritage culturel. Chaque création est le fruit d’un savoir-faire ancestral transmis avec soin, et chaque détail contribue à faire de cette robe bien plus qu’un vêtement : un symbole vivant de la féminité marocaine.
L’abaya : discrétion et tradition au quotidien
L’abaya marocaine est une tenue sobre et élégante, largement adoptée par de nombreuses femmes marocaines, surtout dans l’espace public. Ce long vêtement ample, semblable à un manteau léger, recouvre l’ensemble du corps à l’exception de la tête, des pieds et des mains. Son objectif principal est de préserver la pudeur, en dissimulant les formes sous une coupe fluide et modeste.
Bien que son usage quotidien varie selon les régions et les préférences individuelles, l’abaya reste un choix populaire pour celles qui souhaitent se couvrir avec discrétion et raffinement. Elle est souvent portée par-dessus d’autres habits, et sa simplicité n’empêche pas une certaine élégance, surtout lorsqu’elle est accompagnée de détails brodés ou de tissus fluides de qualité.
L’abaya reflète à la fois un héritage culturel et un respect des traditions religieuses, tout en s’adaptant aux tendances modernes de la mode féminine marocaine.
Le tahruyt : un symbole berbère brodé d’histoire
Originaire des régions montagneuses du Maroc, le tahruyt est un grand foulard traditionnel porté par les femmes berbères, en particulier celles issues des zones rurales isolées. Ce tissu unique, composé de deux pièces cousues ensemble, est généralement sombre mais magnifiquement orné de broderies colorées et complexes.
Ces motifs brodés ne sont pas choisis au hasard : ils sont fortement symboliques et seraient les héritiers des anciennes pratiques de tatouage facial dans les communautés amazighes. Chaque dessin représenterait une identité ou une histoire, donnant au tahruyt une valeur culturelle profonde.
Le foulard est suffisamment large pour couvrir la tête, les épaules, et le haut du buste. Il est souvent drapé avec soin, parfois avec une partie repliée et fixée sur l’épaule, créant une silhouette gracieuse. Certaines femmes y ajoutent de petits pompons décoratifs autour du visage, renforçant l’aspect esthétique tout en perpétuant un style ancestral.
Le tahruyt n’est pas seulement un accessoire : c’est une expression vivante des racines berbères, et un véritable hommage au patrimoine artisanal du Maroc.
Tarbouche : l’élégance du couvre-chef cérémoniel
Souvent confondu avec la chéchia, le tarbouche est un chapeau rigide traditionnel, reconnaissable à sa forme cylindrique et à son gland distinctif qui pend sur le côté. Bien qu’il soit couramment associé à la ville de Fès, il n’est en réalité pas originaire du Maroc, mais a été adopté par diverses cultures du Maghreb et du Moyen-Orient.
Au Maroc, le tarbouche reste un symbole de prestige et de distinction masculine, porté notamment lors de cérémonies officielles ou par des membres de la garde royale. Sa structure rigide et sa couleur généralement rouge bordeaux en font un accessoire unique, à la fois traditionnel et solennel.
Tagiyyah : simplicité et spiritualité
La tagiyyah (ou taqiyah) est une coiffe ronde et plate que l’on retrouve chez de nombreux hommes musulmans. Proche dans sa forme de la kippa juive, elle est généralement fabriquée en tissu léger et souvent de couleur blanche, bien que des variantes colorées existent également.
Portée lors des prières ou dans la vie quotidienne, la tagiyyah symbolise la foi et l’humilité spirituelle. Au Maroc, elle accompagne parfois d’autres pièces vestimentaires religieuses, ou est portée seule pour exprimer une dévotion discrète mais sincère. Sa sobriété et son confort en font un choix apprécié dans de nombreuses régions du pays.
Hijab : entre foi et esthétique
Le hijab est sans doute l’un des éléments les plus connus de la tenue féminine musulmane. Il s’agit d’un foulard couvrant les cheveux, que de nombreuses femmes marocaines choisissent de porter, notamment pour des raisons religieuses ou culturelles.
Disponible dans une multitude de couleurs et de tissus, le hijab est souvent assorti à d’autres vêtements comme l’abaya ou le caftan, devenant ainsi un accessoire de mode à part entière. Cependant, son usage reste personnel : si certaines femmes l’adoptent au quotidien, d’autres préfèrent ne pas le porter du tout.
Le hijab incarne une forme d’expression individuelle, mêlant croyances, valeurs et sens du style, dans un respect des traditions marocaines sans cesse réinventées.
Niqab et burqa : entre tradition religieuse et évolution sociale
Au Maroc, le niqab et la burqa font partie des tenues religieuses couvrantes portées par certaines femmes musulmanes, bien que leur usage soit devenu plus rare de nos jours. Ces vêtements sont surtout associés aux générations plus âgées ou à certains milieux conservateurs.
Le niqab recouvre le visage en laissant uniquement les yeux apparents, tandis que la burqa enveloppe entièrement le corps, y compris le visage, avec parfois une grille textile au niveau des yeux. La burqa est davantage présente dans des pays à l’interprétation stricte de l’islam.
En 2017, les autorités marocaines ont pris des mesures interdisant la vente, fabrication et importation de la burqa, une décision motivée par des raisons de sécurité. Cela a contribué à une baisse significative de sa présence dans l’espace public marocain.
Balgha : l’élégance discrète de la chaussure traditionnelle
La balgha, également connue sous le nom de babouche, est une chaussure emblématique marocaine. Fabriquée en cuir souple, souvent sans talon ni lacets, elle se glisse facilement et s’adapte aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur, bien que l’on préfère souvent marcher pieds nus sur les tapis marocains à la maison.
Produites notamment dans les ateliers artisanaux de Fès, les balghas existent en de nombreuses couleurs et styles, allant du modèle simple au modèle brodé ou décoré, réservé aux occasions spéciales comme les fêtes religieuses ou les mariages.
Même si la chaussure moderne est aujourd’hui plus courante pour un usage quotidien, la balgha conserve une place forte dans la culture vestimentaire marocaine, symbole d’élégance traditionnelle et de savoir-faire artisanal.
Où acheter des vêtements traditionnels marocains ?
Dans les souks animés de Marrakech ou de Fès, vous trouverez un vaste choix de vêtements, allant des pièces artisanales aux tenues plus simples. Certains commerçants sont spécialisés dans un type précis, comme les djellabas ou les balghas, tandis que d’autres offrent une sélection plus généraliste. Il est courant d’y marchander les prix, alors n’hésitez pas à négocier !
Pour des pièces de meilleure qualité ou au design plus moderne, mieux vaut se tourner vers des boutiques spécialisées. À Marrakech, le quartier Gueliz regroupe plusieurs enseignes à la mode, idéales pour trouver un caftan stylisé ou une abaya revisitée. Un peu à l’écart du centre, la zone industrielle Sidi Ghanem est devenue un véritable repère d’artisans et de créateurs contemporains qui revisitent les traditions avec goût.
Dans l’ensemble, les vêtements traditionnels marocains restent faciles à trouver, que ce soit dans les ruelles des médinas ou dans les vitrines chics des nouveaux quartiers urbain
